Le château de Villandry de la Renaissance
Le blason de Jean Breton
Dans la lignée de François Ier, le roi bâtisseur de la Renaissance
Sous l’impulsion de François Ier, conquis par la culture italienne avec laquelle il est entré en contact à l’occasion des Guerres d’Italie (1494-1559), la France du XVIe siècle se convertit peu à peu aux nouveaux usages en matière de peinture, de sculpture, de décor des grandes demeures et d’architecture. L’ambition du jeune roi est d’élever la cour de France, réputée rustre, au niveau des cours raffinées des princes italiens afin de concurrencer voire de surpasser la suprématie culturelle de son voisin transalpin. François Ier construit peu à peu sa légende de protecteur des arts et de roi bâtisseur. Avec le concours d’artistes italiens, il entreprend plusieurs grands projets dont Chambord en Val de Loire ou Fontainebleau en Ile-de-France. Tandis que l’aristocratie se refuse à la modernité, par absence d’envie comme de moyens financiers, ce sont les secrétaires royaux qui bâtissent à Azay-le-Rideau, Chenonceau, Beauregard… regroupés sous l’appellation des « châteaux de la Loire ».
Parmi ces fonctionnaires d’état, se trouve Jean Breton (v.1490-1542) . Jean Breton semble issu de la petite bourgeoisie orléanaise. Il connaît tout au long de sa vie une ascension sociale qu’il doit à ses compétences de gestionnaire et à son mariage avec Anne Gédoyn, fille de Robert Gédoyn, secrétaire des finances du Roi. Il cumule plusieurs charges au niveau local comme national ; la plus importante est celle de secrétaire des Finances du Roi qui fait de lui un membre du premier cercle du souverain.
Jean Breton prend possession de la châtellenie de Colombiers (rebaptisée officiellement Villandry en 1639) le 4 mars 1532 pour la somme de 35.000 livres . Il s’agit de son second projet architectural en Val-de-Loire. Quelques années auparavant, à son retour de captivité après la défaite de Pavie , François Ier charge Jean Breton de la surveillance des travaux de Chambord ; outre cette responsabilité, il reçoit de la part du souverain les terres de Villesavin, les matériaux et les ouvriers pour y ériger un château (1527-1537). Situé à moins de 10 km du château de Chambord en devenir, Villesavin se voit surnommé « la cabane de chantier de Chambord ».
Anne Gédoyn, épouse et femme de la Renaissance
Une conception architecturale d’avant-garde
A Villesavin puis à Villandry, Jean Breton exploite son exceptionnelle expérience de l’architecture qu’il doit notamment à ses voyages en Italie. A Villandry, il métamorphose l’ancienne forteresse féodale.
Le château médiéval possède deux ailes disposées de part et d’autre du donjon en L : Jean Breton fait élever une troisième aile ; il rééquilibre ainsi le château par le biais de la symétrie. Ces trois bâtiments forment un U ouvert sur les perspectives de la vallée où coulent le Cher et la Loire. Cette ouverture sur l’extérieur illustre l’esprit de l’architecture de la Renaissance qui met de côté la fonction défensive du bâti au profit de l’esthétisme. Galeries à arcades, fenêtres à meneaux entourées de pilastres richement décorés, hautes lucarnes au gâble sculpté, toitures d’ardoise aux fortes pentes et aux volumes amples donnent au château sa parure Renaissance. Dans l’angle sud-ouest de la cour d’honneur, un escalier contenu dans une tour apposée au bâtiment desservait les différents niveaux ; cet élément typique de la Renaissance a disparu au XVIIIe siècle.
Reconstitution 3D du château de Villandry du Moyen-Âge à la Renaissance réalisée à l’occasion des « 500 ans de Renaissance en Val de Loire ». Agence Dripmoon
Villandry, un lieu agréable
L’esprit des nouvelles demeures de la Renaissance réside dans le bien-être physique et intellectuel qu’elles apportent à leurs occupants. Ce principe a notamment été théorisé par Leon Battista Alberti dans son traité d’architecture De Re Aedificatoria (De l’Architecture). Située en dehors de la ville, au cœur de la nature, la villa de la Renaissance est un lieu agréable (locus amoenus) où réunir sa famille et ses amis. La notion de lieu agréable trouve son origine dans les écrits des poètes antiques dont s’inspirent les Humanistes de la Renaissance. Pour qu’un lieu soit dit « agréable », il doit réunir sept critères : un cours d’eau, de l’ombre, une douce brise, des fleurs, des simples, des arbres et des fruits.
Le site de Colombiers/Villandry remplit toutes ces conditions : un ru alimente les douves, il fournit ainsi fraîcheur et eau d’arrosage ou d’ornement ; le climat est tempéré et sain grâce à l’air qui y circule ; le coteau est couvert d’une forêt qui constitue un écrin végétal, sur son flanc, au cours du Moyen-Âge, des pieds de vigne y ont été plantés. Enfin, afin que l’ensemble des critères soient présents, Jean Breton fait aménager un parterre sur la terrasse sud (futurs jardins d’Amour) lequel devait être composé de parquets (carrés) géométriques plantés de fleurs et de simples comme on peut en voir sur les gravures des Plus Beaux Bâtiments de France de Jacques I Androuet du Cerceau.
Quelle est
l'origine du nom
"Villandry"
A.
Bravo !
B.
Râté !
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Bibliographie
- Robert & Henri CARVALLO, Le Château de Villandry, Editions Plume (1998)
- Cédric MICHON, "Conseils et conseillers sous François Ier", Les conseillers de François Ier Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2011