Villandry à travers les siècles

Les modifications du domaine de Villandry au XVIIIe siècle

Jusqu’à l’acquisition de la seigneurie de Villandry en 1754 par le comte Michel-Ange de Castellane, aucun changement notoire n’a été apporté à la construction Renaissance. Le nouveau propriétaire sensible au néoclassicisme apporte de profondes modifications à l’édifice et aux jardins en accord avec le goût de son époque.
Le pavillon de l'Audience a été construit pour le marquis de Castellane au XVIIIe siècle

Le pavillon de l'Audience

Le pavillon de l’Audience est une charmant bâtiment construit au XVIIIe siècle pour Michel-Ange de Castellane. Il y donnait audience. Ainsi la fonction a donné son nom au bâtiment.

La châtellenie de Colombiers appelée communément « Villandry » acquise par Jean Breton en 1532 se transmet sans interruption de descendant en descendant pendant plus de deux siècles. Au XVIIe siècle puis au XVIIIe siècle, plusieurs faits vont marquer l’histoire de Villandry. En 1619, Balthasar Breton obtient que la châtellenie devienne un marquisat. Vingt ans plus tard, en 1639, le nom de « Villandry » est officiellement substitué à celui de Colombiers. Le 23 juillet 1754, Louis-Henri d’Aubigné, marquis de Villandry vend le château et les terres au comte Michel-Ange de Castellane (1703-1782), ambassadeur du roi Louis XV, issu d’une très ancienne et très illustre famille de la noblesse provençale. Le titre de marquisat était rendu caduque par la vente puisque les terres changent de famille, Villandry est élevé au titre de comté par lettres patentes du Roi.

Les aménagements néoclassiques de l’intérieur du château par Michel-Ange de Castellane

Edifié à la Renaissance, le château est froid et incommode. Le comte de Castellane s’emploie à remanier avec une certaine réussite l’intérieur pour le rendre habitable, intégrant les normes de confort proches de celles d’aujourd’hui – notamment l’isolation phonique et thermique par le biais de l’installation de boiseries – tout en lui donnant, de par le style néoclassique un charme incontestable.

L’attention se porte plus particulièrement sur deux éléments du décor XVIIIe. Un très bel escalier Louis XV mérite d’être admiré : sur la rampe en fer forgé, à chaque étage, se retrouvent entrelacées les initiales de Michel-Ange de Castellane. La salle à manger, dans les tons provençaux chers à Michel-Ange de Castellane, est classée Monument Historique, tout comme l’escalier, depuis 1934

La façade Renaissance dénaturée

Si les modifications intérieures apportées par le nouveau propriétaire sont heureuses, l’entreprise est plus hasardeuse sur les façades. Les arcades de la cour sont murées et deviennent, à gauche, des cuisines, à droite, des couloirs donnant sur les salons. Les fenêtres de la Renaissance sont arrondies et entre celles-ci des baies de style Louis XV sont percées puis garnies de balcons et balustrades, des fenêtres en trompe l’œil sont ajoutées. C’est aussi à cette période que disparaît la tour située dans la cour d’honneur qui abritait l’escalier rendu inutile par la construction de l’escalier intérieur. Du fait de ces transformations, la façade est dénaturée ; le château Renaissance perd indéniablement de son caractère.

Les jardins de Villandry agencés à la française

Les jardins sont également revus au goût du jour. Dans un premier temps, le parc est agrandi, suite aux rachats de terres par le marquis de Castellane en 1760, puis agencé à la française. Allées rectilignes, miroir d’eau, parterres, orangeries, terrasses remplacent les parquets Renaissance. Le charmant pavillon de l’Audience, pendant, du pavillon construit à l’angle sud-est du château, vient marquer l’extrémité de l’allée qui longe le parterre puis le miroir d’Eau.
La période révolutionnaire et les difficultés financières qu’elle engendre met un terme à la présence de la famille de Castellane à Villandry qui aura duré moins d’un demi-siècle. En 1791, Esprit-François-Henri de Castellane, fils de Michel-Ange, vend le domaine – château, mobilier, dépendances et terres – à François Chénais, négociant nantais, pour un montant de 850.000 livres

François Chénais à Villandry : les illusions perdues

François Chénais a fait fortune dans les plantations de café aux Antilles et le commerce d’esclaves. De retour en France, il s’offre Villandry. L’année 1792 est une annus horribilis pour le nouveau châtelain qui voit ses investissements dans les îles anéantis par la révolution à Saint-Domingue et l’abolition de l’esclavage. Et voici qu’il doit faire rempoter les orangers de Villandry. Non sans de longues tergiversations – François Chénais est réputé pour sa pingrerie -, il se décide à commander 250 nouvelles caisses en bois pour les précieux arbres quand il apprend que l’Orangerie a besoin de réparations conséquentes. Se sentant pris à la gorge, de rage, il revend pour une somme modique les magnifiques caisses à peine livrées et fait arracher puis scier les orangers dont le bois servira de bois de chauffage. A la suite de cet épisode, François Chénais souhaite se défaire au plus vite de Villandry mais la vente se fait attendre. Endetté, acculé, François Chénais cède le domaine estimé à 1.000.000 de livres à Gabriel-Julien Ouvrard, financier et spéculateur, pour 350.000 livres en 1800 .

Bibliographie