Villandry à travers les siècles

Les prémices médiévales de Villandry

Villandry est connu pour être une demeure de style Renaissance. Pourtant, son histoire débute 500 ans plus tôt, au Moyen-Âge avec la construction d’une forteresse médiévale qui sera la base de la future construction du XVIe siècle. A cette époque, Villandry s’appelle Colombiers.

Le donjon est un témoignage du Villandry médiéval

Le donjon de Villandry

Le donjon médiéval est parfaitement intégré dans l’architecture Renaissance du château. 
Au XVIIIe siècle, la tour avait été percée de fenêtre dont les stigmates sont encore visibles.

La forteresse médiévale de Colombiers

Les origines du château et du domaine de Villandry remontent au Moyen-Âge. Nous sommes au XIe siècle. Le Val-de-Loire est à cette époque le théâtre des rivalités entre le Comté de Blois et le Comté d’Anjou. Le village, connu aujourd’hui sous le nom de Villandry, s’appelle alors Colombiers ou Coulombier (à rapprocher du latin classique « colombarium » en lien avec le pigeon). C’est un petit village isolé entouré de terres agricoles et de forêts à quelques heures de marche de Tours dont il relève.

La situation politique de la France du Moyen-Âge classique est particulièrement instable. En effet, à l’unification réussie par Charlemagne au IXe siècle, succède une fragmentation du territoire et du pouvoir. La concurrence entre les seigneurs médiévaux est féroce, chacun souhaitant étendre sa domination soit en guerroyant soit en nouant des alliances qui varient au gré des intérêts.

La nécessité de protéger les personnes et les biens conduit à l’émergence, peu après l’an mille, d’un nouveau modèle architectural : le château fort de pierre ou la forteresse défensive qui remplace les enceintes de bois moins robustes.
Imitant ses illustres voisines, Saumur, Tours, avec son château comtal, Colombiers se dote d’un château fort dont seul le donjon est encore aisément identifiable. La forme carrée de la tour surmontée de créneaux et merlons est caractéristique des constructions défensives du XIe siècle. L’intérieur du donjon a conservé toute sa rusticité médiévale avec ses murs de tuffeau à nu sans ornement et l’escarpé escalier à vis médiéval qui mène à la plateforme depuis laquelle le regard peut se porter à 180° sur la vallée du Cher qui coule au pied du château. Il n’existe pas de vue de Colombiers au Moyen-Âge, aussi, faut-il chercher ailleurs pour déduire l’aspect du château. Les historiens ont émis l’hypothèse que de part et d’autre du donjon, formant un L, étaient accolés deux corps de logis. Des pièces de stockages troglodytiques complétaient le bâtiment. Un mur percé d’une porte fermait la cour à laquelle on accédait par le biais d’un pont levis qui permettait de franchir les douves.
Des recherches récentes amènent à penser que des communs, dont une ferme avec sa basse-cour probablement, et un mur d’enceinte de pierre protecteur complétaient l’ensemble.

On remarquera que la forteresse de Villandry est située dans une vallée. Son rôle stratégique réside sans doute dans sa position intermédiaire entre Tours et Saumur appartenant alors respectivement à 2 puissances adversaires.
Le château n’est pas seul à témoigner de l’histoire médiévale de Colombiers/Villandry. Le village a conservé des traces de cette période : une église romane des XIe et XIIe siècles dédiée à Saint Etienne s’élève parmi les bâtisses du XVe siècle. Les hauteurs du jardin offrent une vue très agréable sur les toits du village et le clocher de l’église. Par ailleurs, les habitants de Villandry s’appellent encore les « colombiens » et les « colombiennes » en référence à l’ancien nom du village qui fut usité jusqu’en juillet 1639.

Colombiers dans l’Histoire de France, d’Angleterre et de la Touraine

Le premier seigneur de Colombiers est Geoffroy Ier Le Roux (1025-1091) , seigneur de Cravant-les-Coteaux et de Colombierss, fils de Payen de Chinon. Par alliance, la châtellenie de Colombiers entre par la suite dans la famille d’Amboise au XIIe siècle.

Durant ce siècle, le nom de Colombiers entre dans l’Histoire, car c’est dans la tour éponyme qu’est signée le 4 juillet 1189 la paix de Colombiers qui met un terme au conflit qui oppose Henri II Plantagenêt, roi d’Angleterre, comte d’Anjou et du Maine, duc de Normandie et d’Aquitaine à son fils, Richard Cœur de Lion et Philippe Auguste, alliés de circonstance. Par ce traité, Henri II Plantagenêt, qui décèdera le 6 juillet, reconnaît Richard Cœur de Lion comme son unique héritier ; fin stratège, Philippe Auguste parvient grâce à cette victoire à poursuivre sa politique d’affaiblissement des Plantagenêts auxquels il dispute l’autorité sur le territoire français.
Au XIIIe siècle, soit consécutivement à des ventes ou à des mariages, la châtellenie passe à la famille Savary, puis à la famille de Craon et au XIVe siècle à la famille Chabot.

A la toute fin du XVe siècle, la châtellenie de Colombiers change de main à de multiples reprises avant d’être achetée le 4 mars 1532 par Jean Breton pour 35.000 livres.

Bibliographie