conseil jardinages
La Pyrale du buis
Nous étions prévenus depuis 2008 (première détection en Alsace par les services de la protection des végétaux), elle progresse, elle attaque, elle ravage les buis. La pyrale du buis (Cydalima perspectalis) est un papillon nocturne originaire de Chine et du Japon. La chenille de ce papillon se nourrit exclusivement de buis ; elle est très vorace et forme des colonies importantes qui dévorent les feuilles et les rameaux. Cette chenille s’attaque aussi bien au buis « historique » de nos jardins qu’au buis sauvage qui peuple nos sous-bois. On la retrouve également en ville : il semblerait en effet que les lumières nocturnes attirent les papillons. Le cycle de ce lépidoptère est très rapide ; dans notre région, nous pouvons en effet avoir de mars à octobre jusqu’à trois générations. La chenille est facilement reconnaissable avec sa tête noire, son corps noir et vert hérissé de poils blancs non urticants.
Les buis du jardin d'Ornement, premier salon.
En mars, les chenilles sortent de leurs cocons tissés avec des feuilles et de la soie, bien cachés dans les branches de buis. Elles commencent ensuite à se nourrir. La première génération de papillons s’envole en juin. Ils sont de couleur blanche avec des ailes aux bords marron et mesurent de 3 à 4 cm. Les femelles pondent des œufs sur la face inférieure du buis ; bien que présents en grande quantité, ils sont assez difficiles à remarquer. Ces œufs donnent naissance aux chenilles qui mesurent entre 35 et 40 mm au dernier stade de développement. Elles se transforment enfin en nymphes dans un cocon, suspendues la tête en bas, et le cycle recommence.
Si la prolifération de la pyrale a été aussi rapide en France, c’est que la chenille ne possède pas ou peu de prédateurs. Les moineaux domestiques et les mésanges utilisent les chenilles pour nourrir les oisillons. Il a également été observé une prédation par le frelon asiatique (qui est lui aussi une espèce invasive).
Lorsque l’on ne possède que quelques plants de buis, une surveillance régulière permet de déceler les premières chenilles. Le buis peut être secoué et peigné. Les vibrations font tomber les chenilles qu’il faut ensuite détruire après un ramassage méticuleux.
Pour les plus grands jardins, l’utilisation d’un biopesticide se révèle obligatoire. Le DELFIN, à base de Bascilius Thuringiensis var « Kurstaki », est une bactérie que l’on pulvérise sur le feuillage. La chenille ingère cette bactérie, ce qui provoque la paralysie de son système digestif, l’arrêt de son alimentation et donc la mort en 1 à 3 jours. Ce produit se trouve dans le commerce sous différents noms commerciaux. Comme tout produit de traitement, différentes précautions doivent être prises lors de son utilisation. Il faut le positionner régulièrement sur les buis, au minimum 1 fois par mois de mars à octobre, car ce produit est lessivable par la pluie. Il est possible de traiter avec des produits chimiques mais leur efficacité est inférieure au DELFIN. De plus, ces derniers sont néfastes pour l’écologie de vos jardins et les abeilles.
En cas de forte défoliation du buis, vous pouvez pratiquer une légère taille, fertiliser la plante au pied et bien arroser l’été. Le buis est une plante résistante qui a la particularité de refaire des feuilles sur le bois. Reste à surveiller régulièrement l’intérieur de la plante en attendant un prédateur naturel efficace de ce papillon invasif.