L’Orangerie et les clémentiniers de Villandry
Les agrumes sont rares, précieux et évocateurs
La culture des agrumes à Villandry
La présence d’agrumes à Villandry daterait du XVIIIe siècle, période à laquelle le marquis Michel-Ange de Castellane, ancien ambassadeur à la cour Ottomane pour Louis XV, est propriétaire du domaine. Peut-être est-ce la nostalgie des jardins méditerranéens, peut-être est-ce l’effet de mode, peut-être est-ce leur conjonction qui conduit le marquis de Castellane à faire édifier une orangerie à Villandry pour y accueillir des agrumes.
Le lieu idéal pour exposer les agrumes est la terrasse – aujourd’hui devenue le jardin d’ornement, premier salon – qui offre un bel ensoleillement, puisqu’au sud, ainsi qu’un encaissement suffisant pour que les arbres soient épargnés du vent. L’orangerie est édifiée à proximité pour faciliter le ballet semestriel des caisses. Creusée dans la roche, couvrant une surface de 380 m2, haute de 5 mètres, premièrement lieu de stockage, l’orangerie assume aussi le rôle de contrefort pour la butte qui la surplombe ; la chaleur nécessaire à la bonne santé des arbres se trouve garantie par le caractère troglodytique de la construction.
Vu depuis l’extérieur, le bâtiment de l’orangerie est identifiable par ses traditionnelles grandes portes fenêtres aux multiples fonctions : laisser passer la lumière pour favoriser à la fois le réchauffement de l’air intérieur et la photosynthèse, permettre, en étant ouvertes, le renouvellement de l’air et la pénétration de la chaleur. L’orangerie de Villandry, parce qu’elle est troglodytique, donc quelque peu sombre, a été équipée d’un système d’éclairage (rénové en 2012) en fonction 2 heures par jour pour maintenir le processus de photosynthèse.
Les arbres en caisse passent en moyenne 8 mois de l’année en extérieur et 4 mois de l’année en intérieur. Les arbres souffrent pendant la période d’hivernage, aussi est-il préférable de les laisser le plus longtemps possible en extérieur. Arbre, caisse et terre représentent un poids colossal à déplacer. Autrefois transportées sur des chariots tractés par des animaux, les caisses sont à présent manipulées grâce à des engins motorisés qui allègent le travail du jardinier. Tout au cours de son cycle de vie, l’arbre connaît une succession de caisses dont la taille évolue proportionnellement à la croissance du réseau racinaire de l’hôte. En dehors du moment du changement, les caisses sont ouvertes pour changer la terre puisqu’elle s’appauvrit au bout de 3 à 4 années, mais aussi pour raboter les racines.
Sources bibliographiques :
J. de la Quintinie, Instructions pour les jardins avec un traité des Orangers, chap. 11 « Des différentes parties qui regardent la culture des Orangers », t. 1, 2de édition, Paris, Claude Barbin, 1697.
Louis Liger , Oeconomie générale de la campagne ou nouvelle maison rustique, 2de édition, t.2, Paris, Claude Prud’homme, 1768, p. 334 à 336.
Dictionnaire des sciences naturelles par plusieurs professeurs du Jardin du Roi et des principales écoles de Paris, Paris, F.G. Leurault, 1817, p. 297 à 332.
Pas à pas dans les jardins de Villandry
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